29 mai 2011

Fête

Je n'ai pas été de ces mères qui sentent l'amour les bouleverser dès qu'elles prennent l'enfant dans leurs bras, sur leur ventre, j'avais trop peur. Je n'ai pas été de ces mères sur qui on peut se reposer parce qu'elles se reposent elles-mêmes sur l'amour, ça n'a pas été de tout repos, l'amour, pour moi, je n'ai pas eu la grâce, c'est venu de loin, ça a fait le trajet, ça a mis le temps, c'est passé comme au travers de couches géologiques qu'auraient formées le passé, l'enfance, la peur, ça a filtré goutte à goutte à travers ces épaisseurs, je ne peux pas dire combien de temps, des semaines, des mois, ce que je sais c'est qu'un jour c'est arrivé à l'air libre, ça a fendu les glaciers et les roches pour jaillir fluide et frais, ça a traversé les terres, les mousses, et là d'un coup ça a chanté, ça gazouillait comme pigeons dans le bois, soudain, un vrai printemps, la fonte des neiges, et depuis ça n'a pas cessé, j'ai embrassé l'aube d'été, j'en ris encore, ça roule, l'amour, ça roucoule, c'est une eau vive et j'en vis, ça coule de source, l'amour.

Camille LAURENS

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