Je n'ai rien à ajouter et vous ?

Je ne sais qui sera l'homme et qui jouera la femme, mais ce sera pour la vie. Marie-moi, marions-je, je ne vais pas me dire non, si ? Il y a le problème des deux mains gauches. Je ne dois pas commencer à chercher une excuse, imaginer un refus, sinon comment se lancer ? Je vois tout en noir alors que je parle de blanc. Pourtant il n'y en a pas. Jamais de blanc entre nous. Enfin si, du silence, de la présence indolore et de l'absence pleine. On s'entend bien, il peut nous arriver de lutter, alors, quand on s'oppose, on se réconcilie vite, on se met d'accord, on se juge, mais sans compter les points. Nos goûts sont similaires, ou parfois dissonants, mais qu'importe, puisqu'on réfléchit, afin de choisir ensemble si c'est l'heure de se lever, le moment d'aller courir, et même ce qu'on doit manger, dire, vouloir, espérer. On tremble, l'une des jambes et l'autre des genoux. On rit, l'une des dents et l'autre de la gorge, on tempête sous le crâne, on crâne dans la tempête, on a la fièvre, la rage, et surtout on est bien, le seul un à faire deux, impossible autrement. Longtemps, devant un danger, j'avançais le bouclier, mes parents, mon chien, mon amie, mon amant, avec lequel je ferai des enfants. Mais aujourd'hui, ce qui compte quand je rentre à la maison, c'est que je suis à mon goût, patiente et généreuse. Je sais ce que je veux, je m'offre ce que je peux, je me parle bien, je ne me crie pas, je ne me tape pas, ou si je me cogne, je viens toujours me porter secours.
Et ce que je tiens à me préciser, avant de me dire oui, c'est que la mort ne me séparera pas. Et cela me réjouit.
Est-ce que je veux m'épouser ? Oui-oui.
Claire CASTILLON