09 mars 2007

Parce que cette date m'est particulière...

J'ai grandi dans la mort sans l'avoir jamais vue à l'oeuvre, sans avoir jamais pu la combattre, la haïr, ni la supplier de gracier mon jumeau, de sauver mon père. J'ai grandi dans le silence sépulcral qui s'ajoute à celui, révoltant, des disparitions invisibles. J'ai grandi parmi ceux que j'aimais et qu'on m'a enlevés avec les égards que prodiguent les chirurgiens aux malades qu'ils vont mutiler sous anesthésie générale. Le réveil est plus cruel encore. Il m'a manqué d'être là, dans l'absolue douleur de la confrontation avec la mort que j'eusse préférée à cette rhétorique du ménagement, ce vocabulaire catholique de la métaphore, cette physique compatissante de l'éloignement qui prolongent le drame au lieu de le résorber, qui installent la souffrance muette et ne la suppriment jamais.

La chute de cheval, Jérôme GARCIN.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

salut, et bonnes vacances.

qu'il est dur cet extrait là,
et qu'il a du être difficile à garcin de l'écrire.
Je ne sais pas ce qui te relie à ce passage,
mais il me parle de près aussi.

merci.

La p'tite Grenouille a dit…

@ arbobo : merci toi ! C'est sympa d'être passé par là et d'y avoir laissé une "trace" !

Et oui... qu'il est dur cet extrait là...

Anonyme a dit…

Parce qu'aujourd'hui c'est pour moi que cette date est particulière... Et qu'il n'y a rien à rajouter quand d'autres ont exprimé mon ressenti tellement mieux que je ne le ferai jamais avec mes pauvres mots....